Les librairies, comme tous les commerces jugés non essentiels, ont fermé leurs portes jeudi soir, au moins pour 15 jours. Un confinement dramatique pour les indépendants, à quelques semaines des fêtes de Noël.
“Laissez nos librairies ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel”. Le ton est donné. Dans un communiqué publié ce vendredi, trois syndicats du livre (SLF, SNE et CPE) demandent au gouvernement de laisser les librairies ouvertes sur notre territoire.
Pour ces derniers, les établissements sont prêts à recevoir du public, tout en respectant les mesures sanitaires. “Avec le confinement, il ne risque pas d’y avoir embouteillage dans nos magasins. Les gens respectent les règles, ils sont masqués”, défend Gilles Tranchant, propriétaire de la librairie “Cheminant” à Vannes.
Depuis les annonces d’Emmanuel Macron ce mercredi, Gilles Tranchant a réorganisé son établissement. “Nous avons zoné le magasin pour que les gens puissent avoir accès seulement au rayon papeterie, qui peut rester ouvert. Nous avons installé un comptoir pour les retraits des commandes internet”, explique Gilles Tranchant.
La vente à emporter se généralise
Ce service de retrait de livres, que l’on appelle le “click and collect” a déjà été mis en place lors du premier confinement. Il permet de commander un livre sur le site de la librairie, que le client peut ensuite récupérer sur place.
Une solution qu'Ayla Saura, co-gérante de la librairie “La nuit des temps” à Rennes, a mis en place. Mais, à deux mois des fêtes de Noël, le “click and collect” ne remplacera jamais le chiffre d’affaire des années précédentes. Pour cette librairie, les ventes du mois de novembre et de décembre représentent 1/3 du chiffre d’affaire.
Cette période est encore plus critique par rapport au premier confinement. Nous sommes résignés, nous n’avons pas le choix.
Sur Twitter, depuis ce vendredi, les libraires et internautes crient à l’injustice. En effet, si les libraires indépendants ont l’obligation de fermer, les centres culturels dans de grandes enseignes telles que Leclerc, la Fnac ou encore Darty sont restés ouverts ce vendredi.
Une colère entendue par le gouvernement. Selon Europe 1, le groupe Fnac Darty et la grande distribution ne peuvent plus vendre de livres. Une décision prise lors d'une réunion de crise qui s'est tenue ce vendredi après-midi à Bercy.
Fnac, Darty, Babou, Jardiland etc... Peuvent rester ouvert Heu... C'est un confinement des pauvres ? Les grandes enseignes qui font plaisir au président des riches, ça pose pas de problème
— El Niño De Dios☠️ (@minicac59) October 30, 2020
Tous les commerces ouverts sauf en Belgique donc. "Achetez votre livre à la Fnac, pas chez un libraire; votre rosier à Jardiland, pas chez votre fleuriste" (lu dans le Monde aujourd'hui).
— Didier Rykner (@DidierRykner) October 30, 2020
Dans l'après-midi, les libraires interrogés étaient dans "l'incompréhension".
"C’est injuste. Je ne suis pas contre la concurrence, pour peu qu’on ait les mêmes armes. Là on n’a pas les mêmes armes. Moi je ne demande pas que ces enseignes ferment, je demande que nous, librairies indépendantes, restions ouvertes”, revendique le propriétaire de la librairie Cheminant, Gilles Tranchant.
Des pétitions pour maintenir les librairies ouvertes
De nombreux auteurs, maisons d’éditions, librairies et artistes ont lancé des appels à l’aide à travers de nombreuses pétitions.
Des signataires comme François Busnel, journaliste et animateur de La Grande Librairie, Erik Orsenna, de l’Académie française, Boris Cyrulnik, psychiatre et écrivain, Delphine de Vigan, écrivaine.. se sont adressés à Emmanuel Macron.
D’autres petits commerces, comme les fleuristes, dénoncent aussi ces mesures “déloyales”. En effet, si les fleuristes fermeront après le week-end de la Toussaint, les magasins “Jardiland” ou “Truffaut”, eux peuvent rester ouverts, considérés comme “commerce essentiel”.